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Alexandre Debs

Professeur en sciences politiques à l’Université Yale

Comprendre le monde par la théorie des jeux

Coauteur de Nuclear Politics: The Strategic Causes of Proliferation, publié aux Cambridge University Press en 2017, Alexandre Debs détient un baccalauréat en mathématiques et économie de l’Université de Montréal obtenu en 2000. Aujourd’hui professeur en sciences politiques à l’Université Yale, il nous raconte son parcours et revient sur ses années passées sur le campus de l’UdeM.

« Ce qui lie mon parcours académique, c’est la théorie des jeux, explique le professeur. J’en ai entendu parler pour la première fois lors de mon cégep à Brébeuf en économie. J’ai assez naturellement continué en mathématiques et économie à l’Université de Montréal, à deux blocs de là. Il y a beaucoup d’économistes à l’UdeM qui utilisaient la théorie des jeux, mais à l’époque, il y a presque 25 ans, c’était moins commun en sciences politiques. »

« J’ai changé de champ petit à petit pendant ma maîtrise à l’Université d’Oxford, puis lors de mon doctorat au MIT, et maintenant comme professeur à Yale. Mon directeur de thèse étudiait beaucoup de sujets, dont un qui se situait à l'intersection entre l’économie et les sciences politiques. Je me suis rendu compte que c’était ça qui m'intéressait le plus. J’avais un intérêt pour l’histoire, les sciences sociales, l’économie, les maths aussi, et avec la théorie des jeux, j’ai rassemblé tous ces champs. »

La théorie des jeux appliquée aux sciences politiques et aux relations internationales consiste à formaliser mathématiquement les comportements individuels et collectifs des dirigeants (« les joueurs »). Il s’agit de simplifier et de traduire dans un autre langage des situations passées riches et complexes pour essayer de prédire la manière dont les décideuses et décideurs vont se comporter lors de conflits futurs, en fonction des circonstances, des actions de l’autre et des informations dont ils disposent. Les chercheuses et chercheurs partent du principe que les acteurs essayent de faire le mieux pour leur nation et pour leur population. La théorie des jeux permet ainsi de mieux comprendre certaines tragédies.

Une bourse d’excellence des anciens

Plus de 20 ans après son départ de l’UdeM vers les universités américaines, Alexandre Debs continue de penser que son baccalauréat bidisciplinaire a été très formateur pour la suite de ses études et de sa carrière.

« La combinaison de l'économie et des mathématiques m'a donné des bases solides, affirme-t-il. Le département est excellent. J'avais des professeurs – je pense à Thomas Lemieux (aujourd’hui professeur à UBC à Vancouver) ou encore Michel Poitevin notamment – qui se sont formés dans les plus grandes écoles et qui m’ont donné l’occasion d’être assistant d'enseignement ou assistant de recherche. Assez vite donc, j'ai pu développer mes intérêts académiques de façon prononcée grâce à eux. »

Professeur à Yale depuis 2009, Alexandre Debs parle d’un environnement très stimulant, lui permettant de côtoyer des enseignants, des chercheurs et des intervenants de très haut calibre. Il garde cependant l’Université de Montréal dans son cœur. Selon lui, les astres ne se sont pas alignés pour qu’il campe sa vie professionnelle au Québec. Mais avec quelques anciens de la promotion 2000, il a créé la Bourse d’excellence des anciens, remise chaque année au finissant ou à la finissante du programme bidisciplinaire mathématiques-économie ayant obtenu la plus haute moyenne générale.

Il souligne l’intérêt de poursuivre les études à la maîtrise ou au doctorat. Il encourage aussi les étudiantes et étudiants à diversifier leurs parcours professionnels. « En tant que directeur des études supérieures à Yale, je suis en constante relation avec les doctorants, indique-t-il. C’est certain que le marché est tendu et que les places dans le milieu académique sont rares en ce moment. Mais c’est cyclique, et en attendant, passer par un post-doc pour faire preuve de ses compétences et une très bonne solution. Il y a par ailleurs de vraiment belles carrières à faire en dehors de l’université. On a notamment quelques anciens étudiants qui travaillent aujourd’hui chez Google, Facebook ou autres. Ces compagnies sont friandes de candidats capables de penser de manière théorique et qui savent en même temps manipuler des bases de données et arriver à des conclusions avec celles-ci. »